

Le spectacle SPLUJ, né d’une collaboration avec l’Ifremer, fait entendre ses voix dans les grands événements sur l’océan ! Début juin, l’équipe de Teatr Piba et Jozée Sarrazin, chercheure à l’Ifremer, se sont rendus à Nice pour présenter une version du spectacle à la Conférence des Nations Unies pour l’Océan (UNOC) et en juillet, ils et elles s’envoleront vers la Jamaïque, à l’occasion des sessions de l’Assemblée de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM).
SPLUJ, une collaboration artistique et scientifique de longue date
La rencontre entre Teatr Piba et l’Ifremer a lieu en 2016. Un an plus tard, Teatr Piba embarque en résidence sur le navire océanographique « Pourquoi pas ? » et naît alors une collaboration artistique et scientifique avec les chercheur.e.s de l’Ifremer, Jozée Sarrazin et Pierre Marie Sarradin. Ensemble, ils ont imaginé une aventure au long cours dans laquelle se confrontent leurs domaines respectifs de recherches et de création.
En 2018 SPLUJ est créé (« plongée » en breton) : une petite forme immersive, proposée en marge de la création DONVOR (« haute mer », « grand fond marin » en breton). Le public est coiffé d’un casque audio, d’un masque de sommeil, et confortablement installé dans un transat pour une plongée radiophonique et sensorielle à bord du navire océanographique le Pourquoi-pas. Les extraits du Journal de bord du dramaturge David Wahl, écrit lors de la campagne scientifique MOMARSAT 2017, sont narrés en direct par deux interprètes, et côtoient les tableaux sonores témoignant de la vie à bord.
Faire entendre ses voix artistiques et scientifiques
Les 6 et 7 juin 2025, l’équipe de Teatr Piba était à Nice dans le cadre de l’UNOC, la 3ème Conférence des Nations Unies sur l’Océan. La compagnie y a rejoint la scientifique Jozée Sarrazin, et le dramaturge David Wahl pour une « plongée dans les abysses » : une lecture et mise en son, d’après “La vie profonde” de David Wahl, le texte qui a inspiré SPLUJ.
Mi-juillet 2025, ils et elles se rendront à la 30ème session de l’Assemblée de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) à Kingston, en Jamaïque pour y présenter le spectacle SPLUJ.
L’objectif de présenter un spectacle comme SPLUJ est de créer un lien émotionnel entre la science et la décision politique et rappeler que la gouvernance internationale de l’Océan ne peut se faire sans ancrage dans la connaissance scientifique. Sensibiliser et mobiliser pour la protection de l’océan est d’autant plus important dans le contexte actuel de discussions et décisions politiques sur l’exploitation minière des grands fonds marins internationaux.
« Alors pour éviter à ces territoires de disparaître, et de nous entraîner dans l’abîme, celui de notre inconscience cette fois, je formulerais bien une espérance. Une fois dans l’Histoire, un territoire a été soustrait à l’avidité de l’homme. Par le traité sur l’Antarctique, signé le 1er décembre 1959, les nations déclaraient officiellement : « il est de l’intérêt de l’humanité tout entière que l’Antarctique soit à jamais réservée aux seules activités pacifiques et ne devienne ni le théâtre ni l’enjeu de différends internationaux1 ». Que la terre du Pôle reste à jamais une terra nullius, c’est- à-dire, juridiquement, «une terre sans maître, qui n’appartient à personne », ou encore pour d’autres une terra communis, « qui appartient à tout le monde », les prétentions territoriales des États y sont gelées. Les humains ne peuvent y poser les pieds qu’à des fins scientifiques; aucune arme de guerre, aucune industrie, au nom de quelque État que ce soit, ne peut y être importée ou implantée. En 1991, le protocole de Madrid vient renforcer le traité sur l’Antarctique. Le continent devient une réserve naturelle et toute exploitation minérale y est interdite. La protection de l’environnement devient la règle numéro 1. Terra nullius, terra communis, protocole de Madrid : voilà ce dont nous pourrions rêver pour nos profondeurs, et exiger par devoir. En de rares occasions, l’homme se détourne de son appétit de ressources, de son appât du gain, de son oubli d’autrui, et cache son visage hideux. Alors brillent sa curiosité, sa soif de savoir, son désir de connaître, son émerveillement enfin, et rayonne son visage sublime. Il l’a fait une fois. Il peut le refaire. »
Extrait de la postface de La Vie profonde, Une expédition dans les abysses. David Wahl. Editions Pocket, 2025.